« Je chante si on me donne du chocolat » : les souvenirs de Jacqueline Taïeb

Jacqueline Taïeb en 1969 – Photo (c) Patrick Bertrand

Arrivée de sa Tunisie natale, Jacqueline Taïeb a marqué la fin des années 1960 avec son tube « Sept heures du matin » enregistré avec les meilleurs musiciens des studios londoniens. Révélation du premier MIDEM, le Marché International du Disque et de l’Edition Musicale qui se tenait à Cannes en janvier 1967, Jacqueline a eu plusieurs vies, tout comme son grand succès de l’époque.

« Sept heures du matin » , connut une popularité toute relative à sa sortie en vinyle. Mais, après de multiples résurrections, le titre est aujourd’hui devenu un standard international. Plus que jamais repris dans de nombreux films et publicités, c’est grâce à lui que Jacqueline Taieb est véritablement entrée dans la légende.

Après avoir connu d’autres succès comme « Le cœur au bout des doigts » , « Le Printemps à Paris » ou « La fac de lettres » , Jacqueline s’est retirée progressivement de la scène pour devenir compositrice.

En ce début d’année 2023, Jacqueline Taïeb prend sa plume et écrit ses mémoires. Le livre « Je chante si on me donne du chocolat » est illustré de multiples photos et se révèle comme un témoignage crucial sur la création musicale de ces dernières années. Véritable légende des sixties et du rock français, porte-parole engagée pour la liberté des femmes, Jacqueline Taïeb nous parle également beaucoup des moments heureux et des drames de son existence.

J’ai reçu le livre et je l’ai lu. Vous voulez savoir ce que j’en pense ? Alors, lisez la lettre ci-dessous. C’est celle que j’aurais pu envoyer à Jacqueline Taïeb. Je ne l’ai pas fait car, au fond, il n’y a aucune raison que cette lettre reste entre elle et moi. Je préfère en effet vous la livrer dans l’espoir qu’elle vous donne l’envie de découvrir cet ouvrage.

 

Chère Jacqueline,

Je vous remercie pour votre envoi. Votre livre m’est parvenu dans une magnifique enveloppe dorée qui a beaucoup ébloui le facteur en cette matinée ensoleillée de mars. Vous l’avez intitulé « Je chante si on me donne du chocolat ». Et cette passion immédiatement avouée pour le chocolat m’a poussé à ouvrir votre livre sans plus attendre. Pour y découvrir votre charmante dédicace ajoutant à celle du chocolat une autre passion commune pour la chanson.
Car c’est bien la chanson et, plus globalement, la musique qui semble avoir animé votre vie telle que vous la décrivez. Dans un récit en douze chapitres qui sont comme les mois d’une année. De janvier à mars, vous y parlez de la vie qui s’ouvre à vous et, avec le printemps, des débuts qui pouvaient faire de vous une grande vedette. D’avril à septembre, votre existence s’épanouit au soleil d’un été qui pourrait être celui de la Tunisie de votre enfance. Une époque qui est marquée par les rencontres et le développement d’une carrière de compositrice et autrice. Avant la période de redécouverte de vos propres interprétations par un nouveau public avide d’écouter des chansons francophones qui ont marqué, à leur façon, la pop-hippie-flower-power de la fin des années 1960. Pour en arriver aux mois d’octobre à décembre où le parallèle peut être fait avec un bilan de fin d’année et les perspectives des années à venir.

Votre littérature est agréable à lire et je l’ai dévorée. Dans un modernisme sans fard, vous livrez des secrets de famille qui n’appartiennent qu’à vous. En vous autorisant cela, vous coupez adroitement l’herbe sous le pied de ceux qui auraient raconté n’importe quel bobard à votre sujet sur internet ou ailleurs. Et puis, vous évoquez aussi une grande partie des étapes qui ont fait de vous l’artiste que vous êtes aujourd’hui. Une chanteuse qui revendique, plus que jamais, le droit à être reconnue pour sa vie de femme aussi.

En racontant votre vie professionnelle, vous nous faites découvrir quelques anecdotes sur un métier qui a bien changé. A une époque où le téléphone portable, internet et les réseaux sociaux n’existaient pas. Malgré cela, vous avez pu rencontrer des personnalités comme Michel Fugain (pour qui vous avez écrit « Les Sud-Américaines »), Jeane Manson (dont vous avez été l’une des choristes) ou Yves Montand (que vous avez « dirigé » lors de l’enregistrement du « Disque de la Paix » de Bernard Benson). Vous avez aussi composé des chansons pour Dave, Fabienne Thibeault ou Stone. Vous avez découvert et fait connaître l’Américaine Dana Dawson en produisant ses premiers titres. Et vous avez été déçue par le comportement de Maurane dont l’ingratitude, par rapport à l’aide que vous lui avez apportée en début de carrière, reste gravée à jamais dans votre cœur.

Jacqueline, avant de vous laisser, je voulais encore vous dire qu’il n’y a pas que le chocolat et la chanson qui nous rassemblent. Il y a, hélas, ces mystérieux effets des anesthésies médicales. Il y a, également, votre réflexion par rapport aux guerres qui sont toujours une affaire de mecs. Vous en parlez très bien dans ce chapitre 10 qui m’a fait penser à un couplet de la chanson de Renaud « Miss Maggie ». Et puis, il y a vos propos sur la langue française qui, à vous aussi, semble de plus en plus parlée et écrite de manière catastrophique.

Je vous confierai enfin que, comme vous, j’apprécie le talent, l’interprétation et la personnalité d’artistes comme Amel Bent et Julien Doré.

Vous avez plein de projets. J’en suis heureux. Je vous les souhaite à la mesure de vos espérances.

Cordialement.

Daniel Barbieux (« Passion Chanson »)

Le livre de Jacqueline Taïeb est disponible à la vente sur différents sites web comme Amazon. Une simple indication du titre de l’ouvrage dans votre moteur de recherche préféré vous y amènera sans problème.

Ce contenu a été publié dans Lu pour vous, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.