Après des mois de palabres, le gouvernement belge était fier de présenter, le lundi 25 novembre 2025, le budget prévu pour le pays en 2026 et au-delà. Alors que de nombreuses grèves paralysaient le pays pendant trois jours, le plan présenté par les ministres, principalement de droite, a eu le don d’énerver une grande partie de la population. Ce sont les travailleurs, la classe moyenne et les retraités qui vont perdre une partie de leur pouvoir d’achat dans les mois qui viennent. En cause : toute une panoplie de mesures qui vont de l’augmentation des accises sur certains produits, comme le gaz, à la hausse de la tva sur « les loisirs et la détente » ainsi qu’une réduction de l’indexation de certains revenus moyens prévue pour 2026 et 2028.
CULTURE = LOISIRS ET DETENTE ?
Parmi les mesures annoncées, il y a donc l’augmentation de la TVA, qui passera de 6% à 12%, pour « les loisirs et la détente ». Une appellation qui comprend le prix des concerts ainsi que celui des spectacles, des théâtres et des salles de cinéma. Le secteur artistique belge, déjà en ébullition par rapport à une réforme des retraites très défavorable, a l’impression qu’il est devenu la bête noire de ses gouvernants qui semblent effectivement se soucier bien peu de l’importance de la culture sur la population. Il faut dire que ces ministres associent souvent la culture, dans le domaine de la chanson par exemple, à des artistes très populaires comme Stromae, Angèle ou Héléna. Ignorant totalement que, derrière ces artistes certes talentueux, il existe toute une foule de personnalités aussi intéressantes devant se battre chaque jour un peu plus pour obtenir une maigre audience malgré un talent évident. Augmenter le prix des accès aux concerts, aux festivals (déjà très touchés par des crises successives) et aux spectacles ne les aidera certainement pas à attirer plus de monde. Cela à un moment où toutes ces mesures d’austérité devraient pousser le public vers plus de spectacles afin de lui permettre de sortir de la morosité ambiante politiquement organisée. Quand un gouvernement oublie ou défavorise la culture, il fait reculer un peu plus la notion de démocratie en réduisant l’existence d’un contre-pouvoir sain, utile et nécessaire.
Il est à noter qu’en plus des artistes, chanteuses et chanteurs, comédiennes et comédiens, techniciennes et techniciens du spectacle, la société belge des droits d’auteurs, la SABAM, a aussi réagi aux mesures gouvernementales. Dans un courrier adressé à ses membres, elle évoque un gouvernement qui ne tient pas ses promesses. Elle critique ainsi le fait qu’il serait question de supprimer la déduction forfaitaire sur les revenus issus des droits d’auteur. La SABAM précise : « Pour nous, c’est inacceptable. Une telle décision toucherait de plein fouet le secteur culturel et la position déjà fragile des créateurs et créatrices. Ce n’est pas ce que les partis au pouvoir avaient promis. (…) Nous consultons les autres sociétés de gestion et les fédérations professionnelles afin d’avancer ensemble. Notre objectif ? Présenter une position commune aux responsables politiques : cette mesure budgétaire ne peut en aucun cas s’appliquer aux membres d’une société de gestion collective comme la Sabam. Nous élaborons une position forte et unifiée pour l’ensemble du secteur. Nous demandons que la mesure ne s’applique pas aux droits versés par les sociétés de gestion collective. Nous réclamons de la clarté pour tous les types de droits d’auteur, dans toutes les disciplines. (…) Nous veillons à ce que la voix des créateurs et créatrices soit entendue haut et fort par les décideurs et décideuses politiques. »
Daniel Barbieux – Passion Chanson
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