L’Homme Héron déploie ses plus belles plumes : « Drôles d’espèces »

L’HOMME HERON – Photo (c) Vincent Jolfre

Tout aussi surprenant que rassurant, le premier album de « L’homme Héron » (Stéphane Barrière) nous délivre un panel étonnant de sujets divers reflétant la société dans laquelle nous vivons. Mais l’artiste ne se contente pas de relater les faits tel un journaliste. Chaque texte est, en effet, empreint d’une sensibilité particulière merveilleusement transmise par sa voix aérienne et sa diction parfaite. Et chaque chanson contient sa part de doute et de questionnement par rapport au sujet abordé.

Au départ pianiste (pour Oldelaf notamment), on imagine aisément, à l’écoute de ce premier album, que le musicien avait besoin d’une autre discipline pour communiquer son trop plein de poésie et d’émotion. Artiste total s’occupant depuis longtemps d’ateliers d’écriture, Stéphane Barrière n’a toutefois pas délaissé son piano pour se lancer dans l’aventure de la chanson. Il a juste enrichi les arrangements musicaux de rythmiques électro et de synthés vintages choisis sans nostalgie pour le plaisir. Et, pour ce faire, il a même fait appel à Georges Rodi, l’un des pionniers de l’usage des synthétiseurs en France. Quant aux arrangements, ils ont été confiés au Belge Xavier Tribolet, directeur musical et pianiste de Bernard Lavilliers, qui affirme, par cette collaboration, une ambiance néo vintage.

L’opus a pour titre « Drôles d’espèces » et il se présente comme un constat écologique et sociétal sans concession de notre monde contemporain. Il commence par une chanson sur la mort (« Petite fille qui danse« ) et se termine par l’onirique « Passent les heures » qui révèle un questionnement sur la vie et la condition humaine. Entre ces deux plages, l’existence est comparée à l’odyssée d’Ulysse. Une vie à laquelle on peut donner une autre tournure en nourrissant des projets de voyages par exemple (« Alice rêve« ). Non dénué d’humour et de légèreté, L’Homme Héron se penche aussi sur les fantasmes en nous parlant des « Ascenseurs« . Ou en nous racontant les mésaventures d’un entiché d’une fétichiste : « Olga« , la reine du piercing. « Même si la terre est ronde » est une superbe chanson sur l’amour dans son intégralité.

Tel l’oiseau dont il a pris le nom, L’Homme Héron possède plusieurs plumes. Et il s’en sert aussi pour alpaguer les affres de notre société : le blanchiment d’argent (« Grande lessive« ) et les dieux de la finance (« Les damnés de la terre« ). Enfin, comme une évidence, « Poudre blanche » est un aveu de son amour et sa passion pour la poésie et le slam qui sont sa drogue : « Je rêve donc je suis ».

Lauréat du Prix Centre des Écritures de la Chanson-Voix du Sud, décerné par Francis Cabrel, L’Homme Héron sera présent au Festival off d’Avignon 2025 dans le cadre du Figuier Pourpre, maison de la poésie.

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Article rédigé par Daniel Barbieux (Passion Chanson) sur base de l’écoute de l’album et des informations communiquées par Xavier Chezleprêtre (Attitude).
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