Antoine ARMEDAN : Le jardin des nouveaux jours

Armé jusqu’aux dents d’une volonté qui force l’admiration, Antoine Armedan nous propose un disque totalement à contre-courant de ce qui se fait de plus tendance. Tel un Brassens, un Béart ou un Duteil du 21e siècle, cet artiste belge se présente à nous muni d’une seule guitare pour nous emmener dans son « jardin des nouveaux jours » en douze chansons.

Photo (c) Baptiste Mathy

Et ce qui étonne dans cet univers  très personnel, c’est forcément le dépouillement des orchestrations. Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi la construction des textes qui n’est à nulle autre pareille. C’est que l’auteur, compositeur et interprète écrit d’une manière peu commune. Et ce même si, à l’écoute répétée des chansons, la formule dévoile une tendance particulière à l’inversion des mots pour la rime. Cela dit, l’ensemble tient littéralement de la poésie. Une poésie derrière laquelle la musique semble venir en support.

Quant aux thèmes des chansons, il sont divers mais relèvent tous du vécu. Antoine Armedan évoque ainsi, dans un morceau très fort, le problème de l’alcool chez les adolescents (« Quinze ans »). Il est aussi question du désir de paternité (« Quand seras-tu ? ») et de la naissance annoncée et attendue (« On a bougé »). Puis il y a quelques très bonnes chansons d’amour comme « Trois mots », « Sans toi », ou « Entre les doutes » qui évoque la difficulté de rester amoureux en ces temps difficiles.
Antoine Armedan jongle donc aussi bien avec la langue française qu’avec sa guitare. Il sait utiliser à bon escient la métaphore (« La petite vieille ») et l’envolée onirique (« Le faiseur d’arc-en-ciel »).
Voilà donc un artiste de grand talent dont le disque nous semble toutefois assez peu abordable par un grand public. Les amateurs de poésie et de bons textes y trouveront leur compte. Mais les autres éprouveront quand même des difficultés à écouter l’album d’une traite. L’écoute attentive et intégrale des chansons, parfois longues, nécessite en effet une attention constante. Et l’écoute d’une oreille distraite vous lassera peut-être assez vite en fonction du manque de variété musicale des orchestrations.
En conclusion, la meilleure façon de découvrir Antoine Armedan est peut-être d’écouter son CD à dose homéopathique et sans excès : vous serez alors complètement sous le charme de cet artiste aussi attachant qu’atypique.
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